CHANGER LA VIE...
Quelque chose s’est terminé, ces 21 et 28 mars, qui avait commencé vingt-cinq ans plus tôt, en 1968 : l’aventure d’une génération, d’une idée, d’un parti, d’un homme. Ils se sont croisés, venant d’horizons différents, puis ont cheminé de concert, durant un quart de siècle. Leurs routes s’arrêtèrent ou divergèrent aujourd’hui.
Pour aller où ?
Peut-être nulle part, et c’est ce qui fait la force de ce moment.
Une époque s’achève qui ne reviendra pas.
La génération, c’est celle des soixante-huitards, qui sont nos quadragénaires d’aujourd’hui. Certains font mine d’avoir leur avenir devant eux. C’est à quoi on reconnait les vrais politiciens : ils ne vieillissent jamais, tant qu’un bout de maroquin leur paraît possible. Les autres, ceux qui avaient rêvé d’autre chose, savent qu’on est vieux, ou adulte, quand on renonce à ses rêves, et s’installent comme ils le peuvent dans le monde réel.
Il faut bien que jeunesse se passe.
Ils avaient commencé dans l’enthousiasme, comme une immense fête, entre révolution et chahut, entre modernité et archaïsme.
Souvenez-vous : « Soyez réalistes : demandez l’impossible ! » Ou bien « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! »
Et ils ont couru, couru, mais pour découvrir que le vieux monde les avait déjà rattrapés, que dis-je, qu’il était encore et toujours devant eux. C’est le monde quand même, puisqu’il y en a qu’un. Ils ont demandé l’impossible, et le réel s’est vengé.
1981 : (« On a gagné ! ») fut leur première victoire et la seule ; 1983 (la rigueur), leur vraie défaite. Il voulait faire la révolution ; ils découvrirent la gestion, le carcan des grands équilibres ; le poids des corporatismes, le sordide des intérêts et des affaires…
L’idée, c’était celle d’une révolution démocratique, d’une révolution antitotalitaire, d’une révolution heureuse, à la fois permanente et douce, comme une fête toujours recommencée, comme un amour, comme une libération infinie…
Leur utopie ne fut jamais au pouvoir, du moins en personne. C’est ce qui explique, qu’elle n’ait pour ainsi dire pas de sang sur les mains. Ils ont raté le meilleur et cela nous a évité le pire.
C’était le parti de leur époque et, finalement de leur génération. Ils avaient réussi, au moins en paroles, ce que le Parti communiste n’a jamais su faire : marier la démocratie et la révolution, l’anti totalitarisme et l’utopie, la rose et le poing…
On a vu, le capitalisme triomphant, le malheur inentamé, l’utopie dissoute dans l’affairisme ou les luttes de tendance, enfin la vie désespérément semblable, pour l’essentiel à ce qu’elle était dix ans plus tôt : difficile, aléatoire, injuste, parfois merveilleuse, parfois atroce, mais guère susceptible d’un bouleversement global…
La politique peut certes combattre la malheur dans sa dimension sociale, elle le doit – s’ils le peuvent, s’ils le veulent – de la changer.
L’habitude vint, les milles déceptions de la vie quotidienne, l’impuissance à modifier le cours des choses, à tenir les folles promesses : le chômage qui s’accroît, l’injustice sociale qui demeure, quelques gros mensonges, quelques trahisons …
Le Goût de vivre – André Comte-Sponville
La politique a ainsi échoué en s’extasiant devant ses idéaux confronté au réalisme de la société refusant de se changer, elle-même.
A quoi bon essayer le meilleur pour tous et toutes ?
Le marché commun devrait pouvoir s’en charger ?
S’il s’agit de changer la société, c’est la seule façon de la maintenir en forme démocratique, et pour cela à changer la politique ?
Qui peut croire que les gouvernements successifs à celui de 1981, ont réussi à améliorer quelques formes de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice pour le peuple de France ?
Aucune interprétation géo-politico-sociale-économique humaine à tendance équilibrée ; respectueuse de l’individu, de la nature et du vivant ne saurait exister sans compréhension de cet adage :
« L’économie de marché moderne n’est pas l’économie de marché libre des flibustiers libéraux d’une ‘’guerre’’ économico-financière révolue ; mais une économie de marché à engagement social qui permet à l’individu de s’épanouir, qui accorde la priorité à la valeur de la personnalité et qui récompense la performance avec un rendement à juste et équitable valorisation ; dans un système collectiviste à réseaux humains nommé : DEMOCRATIE REPUBLICAINE ».
LE CLAN, LE ROI, LE PRINCE ET LES ADORATEURS
Des signes éclairés aux foudres du ciel
Du feu sorti des entrailles de la Terre
Le nouveau prince se senti pousser des ailes
Et par cette ignorance de la nature et des hommes
Il s’autoproclama messager du grand ordonnateur
A l’éloge de son père, petit bourgeois de province
La louange fut sienne et par là même, la chose engagée
Le discours encore confus, il s’en alla déterminer
Prêt à lire philosophes et engager conversation usurière
Et par autres voix chercha Sophia, fille de Vénus et Simonide
Ceux sont là bien des maximes bonnes et valorisantes
Auxquels nous voudrions en porter ferveurs et allégeances
Rousseau n’en dit pas moins, et quant à moi y souscrit
Mais l’homme moderne n’en est pas moins un génuflecteur
Adorateurs, adoratrices, néanmoins il mange, boit, dort et aime
La sélection naturelle l’a fait robuste et agile
La maladie, l’existentialisme humaniste, la mort il veut s’en décharger
Il n’a même pas conscience de son activité grégaire chancelante
Ses sens communs sont d’une extrême vivacité accaparante
Sa sensibilité n’est souvent que réflexion matérialiste
Son objectivé s’arrête aux frontières de la cour des contre-mesures
Par son dieu, il construit les suspicions aux abords des politiques templières
Il se souci plus de la voûte céleste que du monde des vivants
Le beau prince par narcisse envoya bordée d’échos à droite et à gauche
Oubliant que peuple ne peut s’abouter à justes devises sans réelle bienfaisance
Que bienséance ne se résume pas à transmission inique sectorisée
Si les convives ne sont choisis qu’aux abords des guéridons du clan
Si peur de perdre dû, n’est que gré de la louange du roi
Alors Festine et Bacchus de votre table de mauvaises humeurs
Ne riront, mangeront, boiront et ne festoieront point
Le prince par vénalité absconse, par la sottise et l’injustice ajoutées
Son aveuglement et abus, exemptèrent le juste contrat social
Serviteurs s’y fourvoyèrent avec les oboles du riche charitable
Par soumission et idolâtrie envers reines de Saba et rois de Pique
Adorateurs furent incapables de s’afficher à la cour des reines de cœur et poètes esthètes
Les chevaliers des temps modernes sous couverture des nouvelles amazones
Prirent voies vers la presqu’ile de Lemme
Et sans perdre le prix des vers, avertirent le clan des domestiques
Sous les pendules des justes et des innocents d’antan
Que le discours des nouveaux adorateurs du prince,
Associés aux chants falsifiés des sirènes du souverain d’éloquence
Ne pourront empêcher, par temps faire, dans les conspirations du pouvoir
Que cette maison, dans les oubliettes du château, ne sombre à l’envers.
Pourtant jadis, l’Olympe et le mont Parnasse avaient frères et bons amis(es)
A contre-courant de la mondanité libertine
Dans le silence de Port Royal, au pinacle de l’austère
Des solitaires aux ordres de l’abbesse Angélique, Pascal
Par les lettres de Louis de Montalte, provincial de ses amis
Pestèrent reliquats symboliques, aux grâces divines entre Jésuites et Jansénistes
Adossées à disputations des soixante et onze docteurs de la Sorbonne.
L’échange fut grandiose, à examiner ce qu’il y avait de faux ou de réel
Epanchement exercé par la véritable conscience des uns et des autres
Dans ce qu’il y avait de bon en dieu, ou de mauvais chez les hommes
Ne surent rien, avec certitude définir, même pas leur portée
Vide de l’esprit flirtant aux accords enchanteurs entre charnel et extase
Au présent des commissures entre attachement et liberté
Les coercitions des anciens, à l’attention des connexions nouvelles
Les néo-jeunes ne purent s’affranchir des nouvelles vacuités cessibles
Emancipées aux évasions virtuelles, où flottent encore quelques vagues à l’âme…
M.A
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