LES ESSAIS DE MONTAIGNE
Au Lecteur
C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit, dés l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altiére et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse été entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain.
Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars mil cinq cent quatre vingts.
LES ESSAIS DE MONTAIGNE - Version en vieux françois - 173 pages au format PDF :
Montaigne michel de essais livre i (508.61 Ko)
JE TE FICHE MON BILLET
A la perdition, vanité fit jeux homolatéraux
La prescription se crût synopsis des grâces morales
La presqu’île de lemme s’y fige sous les oboles
La manie nie coquine, les aiguilles piquent au vif
Je te fiche mon billet qu’idolâtrie est mesquine
Aux envies abasourdies, hermine fuit justice fortuite
Sans lèche vitrine, les psalmodies s’amollissent sous ruine
Vies inutiles dans la city dépriment la composition cynique
Bien caché sous les buis, les fleurs de liberté se terrent
Je te fiche mon billet que la posture est liberticide
A l’empirisme d’antan, discours copine avec félonie
Corpus universaliste devise sous matérialisme
Les jalousies se ravivent dans les ravines de façades
Le vernis de papier aseptise les feuilles mortes
Je te fiche mon billet que l’essence est plastique
Les paons et les gorgones vocifèrent sur les colonnes
Les postulats perfides succèdent aux chants des innocents
Les fauteuils d’hémicycle sont devenus articles miteux
Les disputations des justes se meurent sous transactions
Je te fiche mon billet que les ténors nichent capital
Le nœud des alliances s’exaspère sous corporatismes
L’image déguisée transgresse les accords stimulants
La boue d’inculture recouvre les habits de mémoire
Où élixirs sans évidence dénaturent fruits de la passion
Je te fiche mon billet que fontaine à souhaits est miroir lugubre
Loin des simulacres, sur des landes de terres encore vierges
Après avoir rejeté, les restes du service fraternel démystifié
Avoir vu attentions entre estime et liberté
Les bourgeons des vieux chênes tomberont encore sur Gaïa
Je te fiche mon billet que les amphitryons iront bon temps
M.A
LETTRE AUX AMIS(ES) : LE MONDE EST UNE RESONANCE QUI INVENTE LA DISSERTATION. TEXTES ET CITATIONS…
"Personne n'écrit pour s'assurer la célébrité qui est quelque chose de transitoire, autrement dit une illusion d'immortalité. Avant tout, nous écrivons pour satisfaire quelque chose à l'intérieur de nous-même, non pour les autres. Évidemment, si ces autres approuvent notre effort, cela contribue à augmenter notre satisfaction intérieure, mais malgré tout c'est surtout pour obéir à une compulsion interne que nous écrivons. "
Freud
"Le propre de la vraie forme c'est que l'esprit se dégage d'elle immédiatement, instantanément, tandis que la forme défectueuse le retient comme un mauvais miroir et ne nous rappelle rien qu'elle-même."
Kleist
« Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l’expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, chaque minute, quand nous vivons détournés de nous-mêmes, l’amour-propre, la passion, l’intelligence, et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie »
Proust
« Du fait de l’absence d’existence d’espèce supérieure : l’espèce inférieure, — “troupeau”, “masse”, “société” — désapprend la modestie et enfle ses besoins jusqu’à en faire des valeurs cosmiques et métaphysiques. Par-là, l’existence tout entière est vulgarisée. »
Friedrich Nietzsche
"La gloire est le résultat de l'adaptation d'un esprit avec la sottise nationale."
Baudelaire
RIEN N’EST PLUS OBSCUR QUE LES CHOSES QUE NOUS AVONS PERPETUELLEMENT SUR LES LEVRES…
L’humaniste vit en paix avec tous les hommes sans agir exactement comme eux. L’homme égocentrique agit exactement comme eux sans s’accorder avec eux. Le premier est aisé à servir et difficile à satisfaire ; le second exige d’eux qu’ils le servent, mais il est satisfait à bon compte.
Il y a chez les hommes autant d’incompréhensible indolence que d’activité nocive à des moments et en des lieux déplacés. On prise comme quelque chose de rare ceux qui savent écouter calmement et avec attention ; tout aussi rare est un véritable lecteur ; et rien n’est plus rare que quelqu’un qui laisse opérer sur lui l’influence de ses semblables sans continuellement en détruire l’impression, pour ne pas dire l’anéantir, par son inquiétude, sa vanité, son égoïsme intérieurs.
La jeunesse est si forte dans l’intuition qu’elle a d’elle-même, et en même temps si fragile et si faible dans son comportement ; c’est ce qu’il y a, en elle ; d’ambigu et de démonique.
Reconnaître le mérite est plus difficile que s’enthousiasmer.
Rarissimes sont les gens qui, ne serait-ce qu’un seul instant de leur vie, ont véritablement voulu, et tout aussi rares ceux qui ont aimé.
La formation intellectuelle est d’autant plus réussie que chacune de ses phases assume le caractère d’une expérience.
On n’a jamais beaucoup ni peu d’amis, leur nombre est par essence suffisant. On peut être parvenu à l’âge de soixante ans sans avoir l’idée de ce qu’est un caractère. Rien n’est plus obscur que les choses que nous avons perpétuellement sur les lèvres.
On transfère aisément à la personne elle-même, dit quelque part Hebbel, le respect qu’on a pour le domaine dans lequel elle excelle. Il dit cela en référence particulière à Adam Müller et à Gentz, mais il touche là quelque chose d’universellement vrai. Argus aux cent yeux était un homme sans occupations, comme l’atteste son nom.
Par conséquent, ce n’est pas un titre de gloire qu’un spectateur puisse mieux juger de certaines choses que ceux qui les ont sous les mains ; et pas un sujet de honte pour ces derniers d’améliorer leurs tours de main d’après les observations d’un oisif.
HAMANN à son frère, en 1760
Quel est le plus important : réussir ou trouver un sens à votre effort de réussir… ???
Si l’enfer est un tunnel creusé par une colonie munie de pics d’incertitude, alors la raison est un bouquet d’attentions que l’on arrose de lucidité.
La culture, les savoirs et la connaissance sont le sel de la vie. Les véritables amitiés et la réelle fraternité en sont le sucre.
Les yeux de l’homme ne réussissent à percevoir les choses que par la… ; connaissance de leur superficialité ; pourtant l’intelligence humaine a les ressources pour donner forme à leur essentialité.
M.A : https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1531861560283449&set=a.169856409817311&type=3
Date de dernière mise à jour : 31/05/2019
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